Navimodélisme RC - Webzine de modélisme naval radiocommandé

jeudi 28 mars 2024

Accueil Modèles et Kits Voile radiocommandée Vapeur Plans et documentation Radio et équipement moteur Techniques de construction Nouvelles et revue de presse Galerie de photos
  Contact  |  Liens  |  Agenda  |  Plan du site  |  Groupe de discussion  

Construction d’une coque en bois

Conception de la charpente (II)
Les couples

Albertus

Sur la quille (la colonne vertébrale) que nous venons de construire et qui décrit le profil de la coque en 2D, nous allons maintenant implanter les couple (les côtes) et ainsi voir apparaître en 3D le volume de la coque. Sur le plan, les couples peuvent être dessinés sous différentes formes : soit simplement figurés par un trait fin de part et d’autre d’un axe vertical (à gauche le plan de forme des couples avant, et à droite le plan de forme des couples arrière), soit dessinés séparément avec leurs différents éléments, soit entièrement, bordé compris ou bordé déduit, parfois même avec des (faux) barrots de pont.

Avant d’aller plus avant dans la construction modéliste simplifiée, voyons comment est réellement fabriqué un couple en construction navale (ou en modélisme d’arsenal)
Couple traditionnel très schématisé - 7.5 ko
Couple traditionnel très schématisé
1-2 = varangue, 3-4-5-6 = allonges de fond,7-8-9-10 genoux et allonges de sommet
Le couple est constitué de différentes parties : à cheval sur la quille et y maintenue par la carlingue, la varangue (constituée de deux pièces de bois accolées) est prolongée par les allonges de fond, les genoux et les allonges de sommet, soit 10 pièces de bois pour fabriquer un seul couple ! Les genoux correspondent à ce qu’on appelle les bouchains, qui sur certaines coques ne sont pas arrondis mais en angle (on parle alors de coques à bouchains vifs). Toutes ces pièces de bois sont choisie dans des branches d’arbre qui présentent déja +/- la courbure souhaitée, et ainsi le fil du bois n’est jamais sectionné. La distance séparant deux couples était en principe inférieure au diamètre des boulets tirés par les canons de l’adversaire !

En modélisme simplifié, les couples seront découpé d’une seule pièce en ctp, et leur nombre sera fortement diminué. En pratique, un modèle sera constitué d’une douzaine ou une quinzaine de couples.

Même si les couples sont dessinés en entier sur le plan, il sera prudent de ne les décalquer que par moitié puis de replier selon l’axe le calque obtenu pour tracer l’autre côté afin de s’assurer de la parfaite symétrie du couple. En effet, beaucoup de plans sont tirés sur du papier OCÉ à développement humide qui ne garanti pas la stabilité dimentionnelle du papier. Attention également si vous décidez de photocopier des couples, les photocopieurs (ni les scanners) ne reproduisent pas 1/1 dans les deux sens ! ...et si vous décidez de coller sur le bois la copie obtenue, attention aux colles qui distendent le papier.

Les couples sont maintenant découpés dans un ctp marin d’épaisseur adaptée, et évidés afin de dégager l’intérieur du bateau naviguant. Avant le collage en place, il est judicieux de percer quelques trous à hauteur des genoux, trous qui serviront à enfiler les différents cablages électriques devant courir à fond de cale. C’est plus propre et c’est plus beau que des fils qui trainent partout ! Pour un bateau de moins de 50 cm utiliser du ctp de 3mm. Du ctp de 5 ou 6mm pour une longueur de bateau jusque 80 cm, et 8 à 12 mm au delà.

Les allonges de sommet peuvent reprendre également les jambettes de pavois, mais c’est beaucoup mieux si elles s’arrètent au niveau du livet de pont. Les jambettes seront ajoutées après poncage de la coque. Les barrots de pont peuvent faire partie du couple, mais il sera beaucoup plus précis de remplacer ces faux barrots par une simple lisse d’ouverture en baguette 5x5 durant la construction, et d’ajuster de vrais barrots une fois la coque terminée.

Quid de la méthode de construction à adopter : quille en l’air ou quille en bas ?

Pour le débutant, on peut affirmer que la meilleure méthode est quille en l’air, tout étant bien fixé sur un chantier jusqu’au séchage complet du dernier des bordages.

Mais, une fois n’est pas coutume, je vais ici développer une méthode quille en bas. Et en même temps, par un ordre de construction inhabituel, aider à résoudre les problèmes apparaisant toujours si les couples bien que symétriques ne sont pas dessinés de dimension précise, ni implantés juste là où il faudrait dans des carlingues de quille ménagées d’après un plan imprécis. Et malheureusement, c’est souvent le cas.

(C’est aussi quille en bas que l’acquéreur d’une boîte de construction devra travailler neuf fois sur dix, car le fabricant n’a pas prévu d’allonges à ses couples prédécoupés au laser)

Chaque couple, dont le dessin est reproduit sur le bois, est découpé à la scie sauteuse ou à chantourner et sa varangue est échancrée de manière à venir se positionner "à cheval" sur la quille à l’emplacement prévu sur le plan. Attention, cet emboitement doit serrer, mais le couple doit se positionner bien perpendiculaire dans les deux sens ! Chaque couple est donc équipé de sa lisse d’ouverture qui en garanti temporairement la solidité. La quille est maintenue à son inclinaison par rapport à la ligne de flottaison sur un ber de montage. La ligne de flottaison est donc parallèle à ce ber. Plaçons les couples sur la quille, bien perpendiculaires à la ligne de flottaison et parallèles entre eux, mais avant collage vérifions leur positionnement : Sur certains plans, la vue de profil ne montre pas l’épaisseur du couple, mais seulement un trait pointillé qui défini son emplacement. L’emplacement de quoi ? de l’axe du couple, de la partie avant ou de la partie arrière de son chant ? Beaucoup d’encre a déjà coulé à ce propos. Simplement, mettons en place rigoureusement le premier et le dernier couple. Le couple le plus large (le maître bau) est également positionné précisément. Une latte de bordage 3x10 en tilleul sera alors mise en place de chaque côté du bateau, au niveau du livet de pont, maintenue par quelques clous ou épingles dans la rablure de l’étrave et au tableau arrière, et venant s’appuyer au premier couple, au maître bau et au dernier couple qui seront équerrés à ce moment là. Equerrer un couple, c’est en poncer le chant de facon à permettre au bordage d’être collé sur toute l’épaisseur du couple et pas seulement sur un angle. L’élasticité naturelle des fibres de la baguette de bordage va nous donner une courbe harmonieuse de l’avant à l’arrière du bateau et passant contre les trois couples en place. Les couples suivants étant équerrés à la volée seront éventuellement avancés ou reculés sur la quille des quelques millimètres nécessaires à leur parfaite jonction avec le bordé. Cette méthode n’est pas orthodoxe, c’est vrai ! mais n’est il pas préférable d’obtenir un bateau dont la coque droite et symétrique n’est pas vraiment conforme au plan, plutôt que pas de bateau du tout parce que finalement rien ne tombait juste et qu’on a tout jeté à la poubelle avant d’aller s’inscrire à un club de maquettes plastique ou de macramé.
La latte de 3x10 en tilleul (ou mieux : une règlette métallique) donne par sa flexibilité naturelle une courbe harmonieuse. Les couples intermédiaires peuvent être légèrement avancés ou reculés afin de bien s’appliquer contre cette latte.

Cette astuce permet de résoudre un autre problème ayant lui aussi fait couler beaucoup d’encre, à savoir si le dessin du couple sur le plan décrit l’avant ou l’arrière du chant du couple en question, avant ou après équerrage. En fait, le dessin représente le couple fini, et il suffit de considérer que le couple s’aligne devant le trait de positionnement pour les couples de l’avant du bateau, et derrière ce trait pour les couples de l’arrière. Ainsi, l’équerrage du couple enlèvera toujours de la matière en trop. Bien sûr, des plans précis permettent de travailler précis, mais j’ai remarqué que c’est justement les débutants qui se procurent des plans de début (jusque là c’est une bonne idée) mais que ces plans simples sont souvent bien mal dessinés. Il s’ensuit un découragement compréhensible quand on se rend compte que tout est collé... et que tout est de travers !

Tout est en place, les différents emplacements des couples sont marquées au crayon sur la quille. Maintenant, on va fixer solidement par collage une baguette de section 3x15 au milieu de chaque lisse d’ouverture, prenant appui à l’étrave sur le rebord aménagé au niveau des préceintes, et sur le milieu du tableau arrière. La profondeur de l’échancrure des varangues sera éventuellement ajustées pour que la ligne de flottaison de chaque couple soit dans le plan horizontal et que la lisse d’ouverture de chaque couple affleure bien la baguette qui correspond à la tonture donnée par le plan. Après contrôle de tous les ajustements dans tous les axes, on peut alors coller les couples sur la quille.
Ajuster la profondeur des échacrures des couples - 8.1 ko
Ajuster la profondeur des échacrures des couples
Sur chaque couple, un trait figure la ligne de flottaison. Tous ces traits doivent être parfaitement alignés horizontalement. On doit aussi contrôler la concordance des lisses d’ouverture avec la tonture.

Au niveau du massif d’étambot, les chants avant des pièces du massif seront éventuellement ajustées à la position définitive des couples censés s’y appuyer. Entre chaque couple, sur la quille, on collera des sections de tasseaux faisant office de carlingue. N’utilisez que de la colle blanche résistant à l’eau (D3), et attendez maintenant plusieurs jours avant d’enlever la quille de son ber.