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jeudi 28 mars 2024

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Plate-Forme d’ Assistance

PLATE-FORME D’ASSISTANCE SEMI-2 • présentation de l’original

Eric Bauthier

En 1985, l’entrepreneur Offshore Smit apporte la touche finale aux plans de deux plates-formes d’assistance qui doivent répondre à des critères particuliers : elles doivent être mobiles, autonomes et être dotées d’une bonne stabilité, éléments qui, de prime abord, semblent incompatibles. Les deux engins, la Semi 1 et la Semi 2, sont finalement mis sur cale par les chantiers navals Van der Giessen du Nord de Alblasserdam en Hollande.

Phénomène rarissime : le Semi 1 et le Semi 2 réunis pour un entretien, ici à Anvers (B).

Le but principal, et non le seul, de ces constructions est d’offrir une assistance à d’autres plates-formes installées en haute mer et particulièrement à celles situées au sud de la mer du Nord. Afin qu’elles soient itinérantes par leurs propres moyens, elles sont conçues comme de vrais navires et équipées de systèmes dynamiques sophistiqués afin de pouvoir conserver une position fixe de manière satisfaisante. Parmi ceux-ci figurent des ballasts qui confortent sensiblement la stabilité de ces monstrueux édifices.

La grue Effer lors d’un entretien. La hauteur des containers donne une idée des dimensions de l’engin. Que dire alors de la grande grue...

Les deux plates-formes sont construites dans le plus grand hangar du chantier naval. Finalement, leur mise à l’eau ne peut s’effectuer de manière traditionnelle en raison de leurs imposantes dimensions. Seul un bac géant permet d’effectuer cette opération délicate.

La mise en service de Semi 1

La construction du Semi 1 est menée à terme en juillet 1987 dans des délais relativement courts. Les premiers essais des systèmes de positionnement ont lieu, dans des conditions réelles, à Kristiansand en Norvège. Après divers réglages, grâce uniquement à ses hélices commandées par ordinateur, le Semi 1 se maintient en place avec une tolérance de trois mètres ! Dès son commissionnement, la plate-forme entreprend sa première mission officielle qui consiste à installer un câble sous-marin pour le compte de la société pétrolière Shell. Après avoir été équipé d’une grue articulée, un programme de grande envergure est établi au profit, cette fois, de la Conoco. A l’issue de ces missions, le Semi 1 se rend au sud de la mer du Nord dans le but de réaliser des connexions entre divers pipelines et des plates-formes de forage. Ces opérations de soudure hyperbarique s’effectuent par des plongeurs, donc sous l’eau, mais dans un milieu sec, ceci grâce à l’équipement sophistiqué embarqué à bord.

Les trois embarcations de sauvetage Circa de type Free Fall, destinées à une évacuation rapide.

Maintenir une position ferme lors de ces opérations s’avère des plus important. Toutefois, lors d’un orage particulièrement brutal, le Semi 1 ne peut lutter contre des conditions météorologiques d’exception, il heurte un banc de sable et subit quelques avaries. Finalement, après une courte réparation, la mission peut être achevée avec succès.
Le Semi 2 à Rotterdam (NL). La famille Joris est invitée à bord à l’occasion de l’installation de la flèche d’une des grues.

Certains modélistes réalisent des constructions hors du commun ; en voici un très bel exemple avec le reportage d’aujourd’hui qui nous présente la plate-forme d’assistance autonome Semi 2. Cet engin fort particulier demanda, pour sa reproduction en maquette navigante, la maîtrises de certaines techniques mécaniques ainsi qu’une dextérité de haut niveau. C’est un défi que se sont lancé avec succès René et Stefaan Joris...

Caractéristiques de la plate-forme d’assistance :
-  Chantier Van der Giessen du Nord • Lancement été 1988

L’ORIGINAL

Longueur 63,4 m
Largeur 43,2 m
Hauteur 51,1 m
Tirant d’eau 6,2 m
Vitesse 8 noeuds

La Semi 2 prend la mer

A cette époque, la société Smit reçoit un projet de taille : l’installation et la connexion d’une plate-forme de production flottante, l’unité AH001, pour le compte de la Amerada Hess. L’opération doit avoir lieu en mer du Nord, dans une zone baptisée Rob Roy/Ivanhoe. L’entreprise est délicate en raison des conditions météorologiques peu favorables à une telle entreprise. Le vent et la hauteur des vagues accentuent davantage la difficulté de l’opération. Alors que ce projet est toujours à l’étude, la plate-forme Semi 2 est achevée : nous sommes en été 1988. Ses premières missions sont diverses et variées. Elle opère pour la Allseas lors de la réalisation de tranchées sous-marines destinées à recevoir des pipelines. Le tâche, qui est menée avec brio, s’effectue à l’aide d’un engin de 120 tonnes relié par un câble à la plate-forme. Alors que la Semi 2 est en route pour Peterhead aux Pays-Bas, afin de rejoindre la Semi 1 qui opère déjà sur l’aire Rob Roy/Ivanhoe, elle intervient dans l’extinction d’un incendie déclaré à bord de l’unité de forage Ocean Odyssee. Avant de rejoindre son sister ship, elle prend part à la destruction des restes de la plate-forme Piper Alfa qui avait explosé en début d’année, entraînant 163 personnes dans la mort. Cette catastrophe imposera à ces deux stations d’assistance d’installer des valves de sécurité sur bon nombre de pipelines, ceci afin d’empêcher des retours de gaz et d’éviter ainsi que de telles tragédies se reproduisent. La destruction de Piper Alfa dure près de trois mois, ceci à nouveau en raison des conditions climatiques défavorables. Ce retard a de l’influence sur les travaux déjà entrepris par la Semi 1. Les deux plates-formes se révèlent parfaitement adaptées pour mener avec succès les tâches qui leurs sont assignées, même dans la partie septentrionale de la mer du Nord. Elles parviennent à accomplir leurs missions en subissant des vents de 35 à 40 noeuds ainsi que des vagues de 9 à 10 mètres de haut.

D’avantage de possibilités...

A l’issue des projets Piper Alfa et Rob Roy/Ivanhoe, la Semi 2 se rend à Rotterdam pour être modifiée et se conformer aux normes norvégiennes. Elle fera dès lors partie de la "Norkse Marine Direktorate Class 3". De plus, son système dynamique de positionnement est amélioré, sa direction est doublée et d’autres aménagements lui permettent d’effectuer des travaux plus délicats, accentuant davantage son caractère polyvalent. Après avoir fait peau neuve, la Semi 2 se voit confier la mission d’élever un mur de protection contre les vagues autour d’une plate-forme appartenant à la Philips Petroleum. En tous points, la Semi 2 s’avère des plus efficaces, elle sert ainsi de manière continue. Depuis, elle opère pour le compte du géant américain Rockwater, ceci en collaboration avec les sociétés Smit et Brown & Root. En 1991, lors de travaux, la rupture d’un tuyau de carburant, au niveau de la chambre des machines numéro 1, provoque un incendie. Les divers systèmes de sécurité fonctionnent parfaitement et la Semi 2 regagne sans encombre Rotterdam, en utilisant uniquement sa deuxième chambre des machines. Après une réparation d’un mois, l’édifice est à nouveau opérationnel.

Les Semi, une réussite

Outils issus d’une technologie parfaitement rodée, les plates-formes Semi 1 et Semi 2 sont fortement appréciées par les sociétés qui les emploient, ceci en raison de leur large éventail de possibilités à caractère polyvalent. De plus en plus, lors de travaux immergés, ces véritables navires utilisent des Remote Operated Vehicles (R.O.V.), de petits sous-marins dotés de caméras, commandés à partir de containers spécifiques installés à bord. Ces submersibles miniatures sont souvent munis de bras articulés leur permettant d’effectuer des travaux à des profondeurs peu accessibles par des plongeurs équipés d’une simple combinaison autonome. La stabilité des Semi, ainsi que leur capacité de déplacement et la qualité de leurs équipements embarqués, telles deux grues multidirectionnelles, sont des facteurs déterminants de leur efficacité qui fut déjà maintes fois démontrée. Fortes d’une telle notoriété, ces plates-formes sont désormais sollicitées par de nombreuses compagnies pétrolières.



Forts de posséder une documentation des plus complètes, René et Stefaan mirent leur projet en chantier. De là naquit cette fabuleuse réalisation qui remporte aujourd’hui un succès toujours confirmé. Le prochain article détaillera cette maquette d’exception