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jeudi 28 mars 2024

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L’Iltis et le Jaguar

Génèse et historique

Jean-Luc Béchennec, Nicolas Leclet

L’idée de réaliser deux maquettes navigantes de torpilleurs de la classe Raubtier est le fruit d’une rencontre virtuelle entre un modéliste passionné de tout ce qui est gris et flotte (Jean-Luc Béchennec) et un plongeur sous marin, modéliste aussi, qui désire réaliser un modèle réduit d’un bâtiment à l’état d’épave qu’il fréquente régulièrement (Nicolas Leclet).

Un peu d’histoire

Les torpilleurs classe Raubtier (félin) sont une version agrandie de la classe Raubvögel (rapace) avec un armement quasi-identique. Fondés sur une conception issue du premier conflit mondial, la classe H145, Ce sont les premiers torpilleurs construits après la guerre par l’Allemagne. Les tables suivantes donnent les caractéristiques principales de ces bateaux.

6 navires de chaque classe sont construits entre 1925 et 1929 aux chantiers navals de Wilhelmshaven. Bien qu’obsolètes quand le second conflit mondial éclate, ils rempliront leur mission de manière tout à fait honorable étant donné la supériorité numérique écrasante de la Royal Navy. Les tables suivantes donne les noms des bateaux ainsi que les dates marquantes.

Classe Raubvögel

NomDébut de constructionMise à flotAchèvementFin
Albatros5/10/192515/7/192615/5/1928Echoué pendant l’invasion de la Norvège. 4/1940
Falke17/11/192529/9/192615/7/1928Coulé dans le port du Havre par un raid aérien le 14/6/44
Greif5/10/192515/7/192615/3/1927Coulé en Baie de Seine par un Albacore du No 415 Squadron le 24/5/44
Kondor17/11/192522/9/192615/7/1928Endommagé par une mine le 23/5/1944. Canibalisé jusqu’à sa destruction en juin 1944.
Möwe2/3/192524/3/19261/10/1926Coulé dans le port du Havre par un raid aérien le 14/6/44.
Seeadler5/10/192515/7/192615/3/1927Torpillé et coulé par des MTB devant Boulogne le 14/5/1942

Classe Raubtier

NomDébut de constructionMise à flotAchèvementFin
Iltis8/3/192712/10/19271/10/1928Torpillé et coulé par des MTB devant Boulogne le 14/5/1942
Jaguar4/5/192715/3/192815/8/1929Coulé dans le port du Havre par un raid aérien le 14/6/44
Leopard4/5/192715/3/19281/6/1929Coulé suite à une collision avec le mouilleur de mines Preussen le 30/4/40
Lüchs (Lynx)2/4/192715/3/192815/4/1929Torpillé et coulé par le sous-marin HMS Thames ou bien coulé par une mine dérivante devant Karmöy le 26/7/1940
Tiger2/4/192715/3/192815/1/1929Coulé suite à une collision avec le destroyer Max Schultz devant Christiansö le 25/9/39
Wolf (Loup)8/3/192712/10/192715/11/1928Collision avec une mine devant Dunkerque le 8/1/1941.

L’Iltis

Au début de sa carrière, l’Iltis est affecté à la 3e demi-flotille avec le Jaguar, le Tiger et le Wolf. L’entrée en service, en 1936, des nouveaux destroyers de type 34 provoque une réorganisation. La 3e demi-flotille devient la 3e flotille et est basée à Wilhelmshaven. Les torpilleurs sont engagés dans des patrouilles sur les côtes espagnole pendant la guerre civile. Au printemps 1938, le Jaguar est placé en réserve et la 3e flotille devient la 6e flotille en juillet. Au moment de l’invasion de la Norvège en avril 1940, l’Iltis est en carénage. La fin de l’année 1940 voit l’Iltis stationné à Cherbourg. Il est ensuite affecté à la 5e flotille avec le Seeadler, le Falke, le Kondor et le Jaguar. Durant l’année 1941 plusieurs mission d’escorte et de mouillage de mines forment le quotidien. Le 12 février 1942, la 5e flotille de torpilleurs participe à l’escorte du Prinz Eugen, du Scharnhorst et du Gneisenau lors de l’opération Cerberus (les 3 croiseurs, basés à Brest, forcent le passage par le Pas-de-Calais vers l’Allemagne). L’opération est menée sans aucune perte du côté allemand. La 5e continue ses missions d’escorte de croiseurs auxiliaires dans la Manche avec le Michel du 13 au 20 mars et le Stier du 12 au 19 mai.

L’escorte de ce dernier est formée de 6 R-boots, 10 dragueurs de la 2e et de la 8e flotille de dragueurs de mines et du Seeadler, du Kondor, du Falke et de l’Iltis. Le convoi descend la Manche avec dans l’ordre : les R-boots qui ont adopté une formation en V, un dragueur de mines, les autres dragueurs, le croiseur auxiliaire Stier encadrés par les torpilleurs. Le convoi, qui navigue le plus furtivement possible, puisqu’on peut observer sur l’épave de l’Iltis, que les marins avaient interposé des feuilles de caoutchouc entre les hublots et leurs volets, est repéré par les batteries de Douvres. Rapidement, trois vedettes rapides, les MTB 219, 220 et 221 quittent le port de Douvres avec pour mission de l’intercepter.

Le combat est bref et violent, les trois MTB foncent à pleine puissance sur l’Iltis et le Seeadler qui ouvrent le feu, touchant la MTB 220 qui coule rapidement. A 4h00 L’Iltis aperçoit une torpille sur tribord et tente de l’éviter en mettant machine arrière toute. La torpille le frappe en plein milieu, juste derrière la première cheminée, et le bâtiment se casse en deux. L’explosion est violente, ce qui explique sans doute qu’il n’y aura aucun survivant sur ce bâtiment (129 hommes). Le Seeadler reçoit lui aussi une torpille par le milieu. Il chavire sur tribord se casse en deux et disparaît. Le Stier prend la fuite avec le reste de l’escorte.

Les épaves

Les deux torpilleurs allemands et la vedette rapide anglaise reposent sur le fond devant Ambleteuse (à proximité du Cap Gris Nez).

De part sa construction légère, l’épave de la MTB 220 n’a pas résisté aux assauts de la mer, et il ne reste aujourd’hui pratiquement plus rien de cette vedette (on peut voir encore les tubes lance torpilles).

Il n’en va pas de même des deux bâtiments de la Kriegsmarine. L’Iltis repose par 50 mètres de fond en deux morceaux d’une quarantaine de mètre, repliés sur eux mêmes, constitués de la proue et de la poupe se touchant par leurs extrémités. On peut encore y observer deux canons de 105 mm à poste, le troisième étant tombé entre les deux coques, les tubes lance torpilles, la passerelle étant pour sa part effondrée entre les deux coques. Il est possible de pénétrer dans cette épave par différent endroits, permettant de découvrir différentes salles : infirmerie, salle des munitions, etc. Il s’agit d’une épave fabuleuse, ou la violence du combat passé procure une émotion intense.

Le Seeadler repose à quelques milles de l’Iltis. Il est lui dans une zone plus profonde, puisqu’il faut descendre à 65 mètres pour la visiter. Ce navire est coupé en deux, les différentes parties étant séparées d’une centaine de mètres. L’avant est couché sur bâbord. On peut aussi y observer les canons de 105mm, la passerelle qui est entière, et de nombreuses superstructures du pont. La zone située entre les deux morceaux de coque est jonchée de débris, où l’on peut trouver dispersés de nombreuses munitions, de la vaisselle, etc.

Figure 1

Croquis de l’épave de l’Iltis qui gît par 50m de fond.

Le Jaguar

Affecté à la même flotille que l’Iltis, le Jaguar partage son début de carrière. Il participe par ailleurs à l’escorte du croiseur lourd Hipper lors de l’opération Juno en juin 1940 (certaines photos du Jaguar ont probablement été prises du Hipper à cette période). Il participe comme on l’a vu à l’opération Cerberus en février 1942. En mars 1943, il escorte le Scharnhorst lors de l’opération Paderborn (passage du croiseur vers la Norvège). Son dernier engagement a lieu le 6 juin 1944. Accompagné des torpilleurs T28 et Möwe, il quitte Le Havre pour attaquer les navires de débarquement. Une fois passé l’écran de fumée qui protège les forces alliées des batteries côtière, les torpilleurs lancent 18 torpilles en direction de l’armada avant de virer de bord pour se mettre à l’abri. L’une des torpilles coule le destroyer norvégien Svenner. Le 14 juin, un raid aérien détruit le Jaguar et le Möwe dans le port du Havre.

Classe Raubvögel (Type 23)
-  Longueur totale 87,7m
-  Longueur flottaison 85,73m
-  Largeur 8,25m
-  Tirant d’eau 3,65m (en moyenne à pleine charge)
-  Déplacement 938 (typique) à 1310t (pleine charge)
-  Armement 3 canons de 10,5cm L45 (1 à l’avant, 2 à l’arrière). 2 affûts lance-torpilles triple de 50cm puis 53,3cm
-  Vitesse 32 à 34 noeuds
-  Puissance 23000 chevaux
-  Autonomie 321t de mazout, 1800 nautiques à 17 noeuds
-  Equipage 120 hommes

Classe Raubtier (Type 24)
-  Longueur totale 92,6m
-  Longueur flottaison 89m
-  Largeur 8,6m
-  Tirant d’eau 3,52m (en moyenne à pleine charge)
-  Déplacement 948 (typique) à 1319t (pleine charge)
-  Armement 3 canons de 10,5cm SK C/28 (1 à l’avant, 2 à l’arrière) ou 12,7cm SK C/25 pour le Lüchs et le Leopard. 2 affûts lance-torpilles triple de 50cm puis 53,3cm
-  Vitesse 32 à 34 noeuds
-  Puissance 23000 chevaux
-  Autonomie 327t de mazout, 1997 nautiques à 17 noeuds
-  Equipage 129 hommes

La bouche d’un des canons de l’Iltis.

Une bitte d’amarrage.