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vendredi 29 mars 2024

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Péniches et pénichettes

Pénichette 935 - Présentation

Thierry Jorissens

Présentation

Je vous propose de suivre pendant quelques articles la construction d’un modèle original que l’on commence seulement à voir de temps en temps en expo ou dans les revues : une pénichette. En (très) gros, on pourrait dire qu’il s’agit d’une maison flottante, dont la taille varie en fonction du nombre d’habitants...

En effet, il s’agit d’un bateau de plaisance fluvial, un modèle de bateau créé spécialement et exclusivement pour des vacanciers cherchant à se promener sur les canaux intérieurs principalement en France, en Allemagne et en Hollande. Comme son nom l’indique, cela ressemble à une péniche... en plus petit.

Voici une pénichette 935. Le plaisancier assis sur le toit des cabines donne une idée de la taille du bateau.

Une vue arrière de la pénichette 935.

La maquette de la pénichette 935, que j’ai baptisée "Pitchounette".

Une vue arrière de la maquette.

Un plan de pénichette est paru dans le hors-série numéro 27 de la revue Bateau Modèle, faisant suite à un premier article paru quelques mois auparavant dans le numéro 104 de la même revue, et présentant en détail et avec de nombreuses photos, le modèle original fort bien réalisé, duquel tout est parti, conçu par un modéliste espagnol. Ce plan a le mérite d’exister et d’être offert (merci à son auteur !), ce qui est une excellente chose pour donner l’impulsion à ceux qui ont déjà réalisé des maquettes en kit et qui voudraient passer à l’étape supérieure (la construction sur plans), mais qui ne veulent pas investir dans des plans payants sans pouvoir les examiner en détail auparavant. Car il faut bien l’admettre, construire sur plans nécessite un minimum d’expérience, et la confiance aveugle dans certains plans pas toujours facilement compréhensibles (pour ne pas dire parfois faux...) conduit droit à une catastrophe qui risque d’en décourager certains.

Avec les plans gratuits, on peut examiner en détail chaque dessin et bien le comprendre avant d’entreprendre la construction, ce qui est un atout. Mais malheureusement, comme toujours avec les plans gratuits, ceux de la pénichette en question sont vraiment beaucoup trop simplifiés ! De plus, ils ne sont pas du tout conformes à l’étrave pourtant tellement caractéristique de ces pénichettes, et dans ce cas-ci, publiés en partie en encart et en partie sur les pages de la revue, ce qui induit d’inévitables différences d’échelle dues à l’impression. Certes minimes pour la plupart, mais il faut impérativement les corriger avant de reproduire les plans sur le bois !

L’étrave dessinée sur le plan gratuit proposé par la revue est vertical, alors que la vraie pénichette a une étrave en quart de cercle caractéristique.

La genèse

En ce qui me concerne, j’ai préféré ne pas utiliser ce plan gratuit mais je m’en suis inspiré pour tester une voie que je n’avais jamais utilisée jusqu’ici : j’ai redessiné les plans de A à Z, y compris la quille et les couples, en respectant la forme très arrondie de l’étrave. En effet l’avant de la pénichette est proche d’une demi-boule (sur le plan de la revue, l’étrave est quasi verticale). De cette manière, j’ai pu prévoir toute la structure interne et la méthode d’emboitement des éléments amovibles pour accéder à la cale, en m’inspirant (copiant ?...) du modèle original dont plusieurs photos sont présentées dans la revue.

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La fiche technique de la pénichette 935.

Il faut savoir qu’au départ, j’avais prévu réaliser cette pénichette "pour patienter" avant de recevoir les plans du nouveau "gros" projet que j’envisageais à cet instant. C’est pourquoi j’ai moi aussi volontairement simplifié les plans (pont plat, pas de bouge aux toits) pensant que la construction n’allait pas m’occuper plus de quelques semaines. Je pensais même un moment me limiter à un bateau sommaire du même style que l’airboat de l’USCG réalisé en une semaine de congés seulement. Je voulais plutôt vérifier que j’arriverais à concevoir toute la coque, dont la quille et les couples, "à la main".
Puis au cours de son étude, je me suis finalement "pris au jeu" et j’ai réalisé un modèle à part entière, prolongeant l’étude des plans, et les fignolant, pour en arriver à un projet somme toute classique, complet, et une "vraie" maquette très détaillée, avec l’entièreté de l’intérieur et son mobilier, aux concessions près du pont et des toits plats...


Et voilà comment d’un petit intermède qui aurait dû m’occuper quelques semaines, j’en suis venu à réaliser une maquette qui m’a donné bien du plaisir pendant près de 7 mois ! En même temps, de janvier à juillet 2016 la météo a été particulièrement exécrable dans l’Ardenne belge, donc les occasions ne manquaient pas pour occuper l’atelier...

Bien sûr, n’étant pas du tout capable d’utiliser un quelconque programme de DAO ou CAO, j’ai procédé à l’ancienne, comme à mon habitude : papier millimétré, crayon, gomme, et autres compas, rapporteur et règle. Après quelques semaines d’étude, les plans sont prêts, la construction peut commencer.

Plans d’implantation du moteur, du tube d’étambot et de l’hélice, et du gouvernail avec son servo.

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Plans à l’échelle 1 de la maquette, vue de profil et vue de dessus. Cela suffit pour étudier toute la configuration.

Plans des couples. A partir du couple de maitre-bau (en réalité il y en a 5 identiques), j’ai dessiné les 10 autres en suivant les plans de profil et de dessus suivant leur position.
Les 5 premiers couples (à l’avant) sont très rapprochés, et les 3 derniers également. Ceci pour faciliter la pose des bordages aux endroits les plus arrondis.

Voir ce type de dessin en gros plan
Chaque élément de structure est représenté en "3D" et selon 2 voire 3 points de vue différents. Les proportions ne sont pas importantes, tant que les cotes, elles, sont précises au mm.
Ces plans permettent de découper les pièces et les numéroter en les repérant sur le plan, ce qui garantit un assemblage aisé.

Voici donc au final le cahier des charges et la fiche technique de ma version du modèle "Pénichette 935" :

  • Echelle 1/10e (longueur 93 cm, largeur 31 cm).
  • Construction classique en bois : bordages sur couples et quille. Chantier volant.
  • Structures en bois (bloc cuisine, bloc chambres, "passerelle" ou poste de conduite).
  • Mobilier en scratch, mais avec un maximum de détails.
  • Eclairage individuel radiocommandé de chaque "pièce" (17 points lumineux - des LEDs - en tout, y compris deux spots de lecture à la tête du grand lit), feux de navigation. Deux circuits électriques différents dont un pour le seul moteur, de manière à pouvoir faire tout fonctionner en expo sans risquer de blesser quelqu’un avec l’hélice.
  • Animations :
    • Barre à roue fonctionnelle (grâce à un petit servo treuil, elle fait 6 tours complets entre barre à gauche toute et barre à droite toute).
    • Manette des gaz fonctionnelle (elle bouge en avant et en arrière selon la position du stick de commande du moteur sur la radiocommande).
  • Radio standard basique 6 voies, utilisation de deux modules "4 fonctions" sur une voie proportionnelle, permettant d’obtenir au total 13 commandes différentes sur la radio. J’en utilise 11 : le moteur, le gouvernail, et 9 circuits de LEDs.
  • Une seule batterie LiPo 3S pour l’ensemble : le contrôleur du moteur sera alimenté en 3S via un premier circuit ; les autres éléments en 3S directement, et en 6V grâce à un UBEC, via un deuxième circuit.
  • Hélice 60 mm en laiton et gros moteur brushless 280 KV. La pénichette est un bateau lent, l’hélice ne tournera jamais à plus de 1500-2000 tours...

Reste le problème du poids : le seul document "technique" (si l’on peut dire...) que j’ai trouvé (sur le site fluvialnet) au sujet de ces pénichettes mentionne pour le modèle 935 un poids de 3500 Kg. Ce qui m’étonne fortement, car un rapide calcul de la longueur fois la largeur à la flottaison, fois le tirant d’eau annoncé de 65 cm, divisé par 3 (arbitrairement) pour tenir compte des parties arrondies immergées, donne déjà plus de 8 tonnes... Sachant en outre qu’il y a plus de 650 Kg en carburant et en eau embarqués, le poids de 3,5 T me parait très léger pour un bateau de plus de 9 m sur 3 m, d’autant que d’après le plan redessiné, ma maquette doit peser entre 8 et 9 Kg pour être dans ses lignes : cela se rapproche des 8 tonnes estimée (le poids de la maquette doit être égal au poids du vrai divisé par le cube de l’échelle, donc au 1/10e il y a un facteur 1000 entre les deux).

Si la vraie pèse réellement moins de la moitié, c’est que ses fonds sont vraiment beaucoup plus arrondis... et la construction très, très légère !...

Le prochain article décrira la réalisation de la coque.