L’utilisation du carton en modélisme naval ne date pas d’hier, mais sa mise en œuvre s’est adaptée aux moyens actuels. Auparavant, le carton se collait avec de la colle papier, ou mieux, pour ne pas gondoler avec l’humidité de la colle, de la colle-tout, la fameuse colle cellulosique qui sentait bon (snif) !!!
Le résultat n’encourageait pas vraiment la technique et dans l’environnement humide des bateaux navigants, beaucoup de modélistes hésitaient à employer le carton.
Quelles réalisations ?
La réalisation des coques est possible, par exemple en utilisant des panneaux de carton pour une coque à bouchains vifs, mais je ne le recommande absolument pas ! En effet, pour la courbure harmonieuse des panneaux, le carton ne convient pas : n’étant pas composé de fibres longues, il ne se cintrera pas régulièrement sur des couples trop espacés ou mal alignés. Par contre, on peut très bien réaliser des coques moulées en lamellé-collé en utilisant du carton fin ou même du papier épais. Toutefois, l’utilisation du carton sera généralement réservée à la réalisation des roufs et autres cabines, des cheminées et autres structures hautes devant être construites le plus léger possible, et aussi le petit accastillage des bateaux à grande échelle, impossible à trouver dans le commerce, comme les feux, les fûts, les habillages de moteurs de radars, des éléments de treuils de pêche etc. Quant au papier, on le réservera à la simulation des tôles des coques métalliques pour le papier fin, ou au modelage pour le papier buvard.
Quels outils
 Cutters, ciseaux, emporte-pièces...
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Les outils à utiliser sont simples à se procurer et ne coûtent pas cher :

une bonne paire de ciseaux à papier (on ne le sait généralement pas, mais les ciseaux à papier sont différents des ciseaux pour tissus, de bricolage, de coiffeurs, de cuisine....)

un cutter fin, à corps rond, avec une lame pointue

un cutter plat à lames sécables

un gros cutter de tapissier

une réglette métallique en acier dont on vérifiera la rectitude (comme guide à couper, ne jamais utiliser d’alu ni de plastique !)

une équerre en plastique, un rapporteur.

un compas, un crayon dur, un crayon tendre, un bic, un marqueur fin indélébile

un taille-crayons, une gomme, etc

un tapis de découpe
auto-cicatrisant, de format A4 ou A3
Quel carton ?
Pour ce matériaux de base bien plus que pour tous les autres, la récupération peut s’envisager de manière systématique. Les emballages ne se jettent plus : les boîtes à chaussures, à médicaments, à macaronis, les blisters, le dos des grandes enveloppes...
 Des petites boites en carton... on récupère !
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Dans le monde de l’édition : les fardes, les cartes postales, les cartes de visite... tout se récupère.
le carton se trouve en différentes épaisseurs et en différentes textures. En général, on n’utilisera que le carton lisse, mais un usage particulier pourra être trouvé au carton ondulé (dont on enlève par exemple une des feuilles externe pour simuler la tôle ondulée) ou au carton bouilli (celui des boîtes à œufs) qui, remouillé, permettra de prendre une empreinte sur un master.
Les cartons recyclés sont grossiers et très peu collés (peu de colle lors de leur fabrication), ce qui les rend poreux
Les cartons à base de cellulose seront les plus employés : il s’agit des cartons utilisés pour la confection de boîtes de petite et moyenne dimension
 Le BRISTOL, le carton des cartes de visite...
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Les Bristol, cartons très denses et fins utilisés notament pour les cartes de visite ou les couvertures des livres de poche

Les cartons contre-collés d’une feuille de papier blanc ou couleur

Les cartons aluminisés pour l’emballage alimentaire
Tous les cartons ont un sens de coulée plus souple que le sens à contre-fil plus rigide. Il faut en tenir compte lors de la fabrication et du pliage.
Quels produits
Bien entendu, le carton utilisé en modélisme naval ne va pas rester simple carton bien longtemps. Si on veut utiliser le carton sur un bateau, il faut le rendre étanche et rigide.
 Colle blanche, G4, cyano, colle photo en spray...
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Deux produits vont être principalement utilisés à cet effet : la colle cyano-acrylate, et le G4
la cyano : cette colle
qui colle les doigts plus facilement que ce qu’effectivement on voudrait coller est chère dans les
Brico, mais nous l’achèterons en magasin de modélisme, où on la trouve en plus grand conditionnement : petits flacons de 1 oz = 28,3gr pour 10 euro (flacons de 3 à 5 gr au
Brico, à prix presque équivalent) Cette colle (par exemple de marque
ZAP) est proposée en trois fluidités : épaisse, normale et fluide. C’est cette dernière que nous utiliserons pour sa faculté à imbiber immédiatement un carton, même un bristol, qui se transforme alors en véritable plastique dur.
le G4 : cette résine polyuréthane
mono-composant est une résine polymérisant avec l’humidité de l’air. Elle est très fluide, étant au départ déjà allongée avec du diluant. C’est ce diluant qui lui permet de s’infiltrer dans les fibres du carton. Après l’évaporation du diluant, reste la résine qui polymérise en place. Il ne s’agit donc pas d’un vernis dans lequel les résines sont en suspension dans un solvant, et qui fige après évaporation de celui-ci.
Du G4 solidifié ne se redilue plus : il est polymérisé. C’est devenu un plastique ! Afin d’augmenter sa faculté d’imprégnation, on peut diluer le G4 avec un thinner spécial polyuréthane (jusqu’à 200%). On pratique alors en plusieurs couches de moins en moins diluées sans délais entre les couches, et au final, après évaporation, la polylérisation s’effectuera sur une plus grande profondeur
Attention à bien utiliser un DILUANT , et pas (ainsi que le font de nombreux débutants) un dissolvant comme l’acétone qui changerait la structure du G4. Pour s’en persuader, il suffit de mélanger du G4, du diluant et deux ou trois gouttes d’eau dans un godet, et de comparer la masse obtenue quelques heures plus tard avec celle résultant du remplacement du diluant par de l’acétone
Quelle technique ?
 plateforme de feux de mâts USCG
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Le dessin, bien sur !

Les éléments à reproduire étant décalqués du plan ou dessinés directement sur le carton

L’ordinateur, avec un programme de dessin vectoriel (Illustrator, CorelDraw ou similaire) qui permettra de dessiner les volumes en développement, et qui une fois imprimés sur un bristol ou une fine feuille de papier à coller sur un carton fort, seront faciles à découper au cutter.

Les plis seront tracés à la lame sur le tiers de l’épaisseur, côté extérieur du pli

Après pliage, une goutte de cyano dans la fente figera l’angle de pliage à l’ouverture désirée.
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 Porte étanche USCG
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-Pour les découpes délicates (les encadrements de fenêtre du rouf) on découpe d’abord l’intérieur (le trou), en pratiquant par exemple les arrondis des coins avec un emporte-pièces, puis en reliant les trous d’un trait de cutter. On imbibe alors la tranche du carton (les bords du trou de la fenêtre) avec de la cyano, et après durcissement on ponce finement l’ouverture. Puis, quand c’est parfait, on coupe pour faire l’extérieur du cadre. Mise en place par collage autour de l’ouverture à garnir, quelques trous fins préforés, des têtes d’épingles pour simuler les rivets, et la fenêtre est parfaite.

Les différentes ouvertures d’un rouf se découpent avant le pliage, le carton bien à plat posé sur un tapis de découpe auto-cicatrisant (en vente dans les papeteries)