Je vais ici énoncer quelques règles à mémoriser lorsqu’on veut construire ou adapter un bateau en le rendant navigant. Toutefois, je pense qu’il faut avant tout expliquer ces règles, ce qui va nous faire un article assez long à lire, mais qui je crois sera intéressant et de toutes façons indispensable pour ceux qui se lancent dans le naval RC !
La maquette étant construite à une certaine échelle, il faut se baser sur le bateau réel pour déterminer les caractéristiques que devra avoir le modèle réduit.
Le bateau que nous allons prendre en exemple pour ces explications est une vedette, ses caractéristiques sont énoncées en haut de la colonne de droite
Voyons les choses dans l’ordre :
LA DIMENSION
Le modèle terminé mesurera donc 1 mètre, c’est facile :
On divise la réalité par l’échelle |
LE POIDS
Première remarque :

Si on veut avoir sur l’eau un comportement le plus réaliste possible, il faut essayer de ne pas descendre sous 1 mètre de long. En effet, la vague d’étrave qui va être générée par le bateau sera la même quelle que soit la longueur de la coque, et il est important que cette coque soit plus longue que la vague.
Mais la longueur n’est pas tout, il faut surtout tenir compte du déplacement.
Si le modèle réduit est long mais fort étroit, il va rouler à la moindre vague (roulis= balancement latéral)
Si le modèle est court et étroit il va flotter comme un bouchon (roulis+tangage)
Le déplacement, c’est le volume d’eau déplacé par la coque, dépendant de son enfoncement. A noter que le modèle réduit doit s’enfoncer jusqu’à la ligne de flottaison définie par l’architecte naval et indiquée sur le plan. Pas question de croire que la ligne de flottaison sera être peinte là où la coque sort de l’eau : au contraire, on peint la ligne suivant le plan, puis on leste le bateau pour qu’il s’enfonce jusque là !
Et si le bateau est déjà plus enfoncé sans lest, on jette tout et on recommence en construisant plus léger !
Il est donc impératif de connaître le poids final du modèle réduit tout équipé (moteur, radio, accus) avant de commencer à construire, afin de définir le bois et les différents éléments de la construction. Le choix des moteurs et du type des accus sera lui aussi déterminant (12 ou 6v, Brushed ou brusless, Plomb ou LiPo...)
Puisque le bateau réel de notre exemple pèse 18000 kg,
Le poids de la maquette toute équipée doit être le poids réel divisé par le cube de l’échelle |
L’échelle est le 1/15e, le cube de l’échelle c’est 15x15x15=3375.
On divise 18000 par 3375 et on obtient 5,33 kg.
Avec une marge pour le poids de l’équipage, disons 5,5 kg (équipage 6 hommes, soit +/-500 kg) plus le plein de carburant et l’équipement... arrondissons le poids du vrai bateau à 19500 kg. Avec une tolérance, disons que le modèle réduit ne peux absolument pas dépasser 5,8 kg. Sur une maquette du même bateau qui serait au 1/10e, cela ferait un poids de
19500 :(10x10x10=1000) = 19,5 kg. Beaucoup plus facile à obtenir !
Si la maquette est au 1/25e, elle ne doit pas dépasser
19500 : (25x25x25=15625) = 1,250 kg.
Autant dire que c’est impossible à réaliser (poids des moteurs, + accus, +... on y est déjà !)
Si maintenant on reproduit un bateau de 3600 tonnes et de 50m au 1/50e, la maquette mesurera aussi 1m mais devra peser 29 kg
Il est donc impératif, en modélisme navigant, de se tracasser du poids et de l’échelle avant de commencer à construire ! Il faut donc aussi se rendre compte qu’il est parfois impossible de réaliser un bateau à une échelle trop petite. C’est pourquoi on voit sur les plans d’eau des porte-avions navigants au 1/72e...qui mesures 4,50m de long
Pour le lest à ajouter dans les bateaux RC, on utilise généralement des gueuses de plomb, amovibles, qu’on installe une fois le bateau mis à l’eau. On peut aussi envisager d’installer une carène liquide (le lest est constitué par des caissons étanches qui se remplissent d’eau) mais ce n’est pas évident à réaliser. De grandes maquettes peuvent donc peser 150 kg et plus.
LA VITESSE
Pour calculer la vitesse du modèle, il est admis de
Diviser la vitesse réelle par la racine carrée de l’échelle |
C’est une convention admise, mais ce n’est pas correct : En effet, ce calcul privilégie l’aspect du bateau lui même par rapport à sa vague d’étrave. On réduite le bateau, mais on ne réduit pas les molécules d’eau, et cette vague n’est pas proportionnelle à la vraie vague d’étrave, mais bon, on fait ainsi ! Si il s’agit de fabriquer et faire naviguer une maquette pour le cinéma, il faut alors calculer la vitesse par rapport à l’environnement : Un bateau pétrolier de 200m de long navigue à 20 km/h, il parcours donc 20.000 mètres en 3600 secondes. A cette vitesse, il parcourt sa propre longueur en 36 secondes. Si on veut une vitesse réaliste à l’écran, la maquette au 1/100e devra avancer de 1m en 36 secondes, autant dire que sur le plan d’eau on ne le verrait même pas bouger !
Reprenons notre bateau de 18 tonnes au 1/15e qui dans la réalité a une vitesse de pointe de 25 noeuds (1 kn = 1852m) cela donne 25 noeuds divisé par la racine carrée de 15, donc 46,3 kmh divisés par 3,9 = 11 km/h de vitesse maxi
La forme de la coque a une importance capitale :
Avec une coque "planante" ou "semi-planante", il faudra certainement un peu dépasser la vitesse de déjaugeage, disons qu’on visera une vitesse de 13 km/h


Avec une coque dite "à déplacement", c’est la forme de la coque qui déterminera la vitesse maximum possible. Augmenter la puissance du moteur ne servira pratiquement à rien, le bateau une fois sa "vitesse critique de coque" atteinte n’ira pas plus vite !
√² longueur à la flottaison x 2,5 = Vitesse critique (en noeuds) x 1,9 = vitesse limite en km/h |
