Je ne vais pas expliquer ici la façon de tenir un pinceau ni décrire la technique de l’aérographe, ce n’est pas l’idée de cet article Je voudrais plutôt disserter sur le choix des couleurs à utiliser. Pas des marques, mais des teintes. En modélisme, deux écoles s’affrontent (je devrais plutôt écrire "cohabitent" car il ne s’agit pas d’un affrontement, chacun faisant finalement comme il aime bien). Donc, ces deux façons de voir les choses (et on en a déjà beaucoup parlé) consistent à représenter le bateau tel qu’il est théoriquement en sortie de chantier, ou alors de le représenter tel qu’il est à une date donnée et dans un état d’usure correspondant à cette date. Car il est bien évident que le milieu marin contribue beaucoup à la patine et à l’usure de l’aspect général.
Sortie de chantier
Pour l’aspect sortie de chantier, on utilisera les couleurs d’origine ou du moins les teintes équivalentes dans les marques habituelles. Un tableau comparatif des références Humbrol, Revell, Ral, Tamiya etc est à ce propos très utile.
Il y en a plusieurs à télécharger sur le web, en voici un parmi tant d’autres
A noter que les échantillons couleurs visibles à l’écran ne sont pas contractuels puisque tout dépend bien sur du rendu de votre moniteur.
Patine
Pour l’aspect patiné, plus difficile à bien réussir, certaines règles et différents principes sont à prendre en considération et à appliquer le mieux possible. A propos de la patine elle même (traces de rouille et d’usure) on en a déjà parlé dans différents articles. Ici, je vais uniquement parler de la peinture.
Rappelons d’abord qu’un bateau par exemple au 1/25e sera vu, à une distance de 1 mètre, comme le vrai bateau situé à 25 mètres serait vu. Un modèle au 1/50e situé à 3 mètres apparait donc comme le vrai bateau à 150 mètres
Avec l’éloignement les détails s’estompent, les couleurs se ternissent. C’est la fameuse "perspective des couleurs" :
Lorsqu’on regarde un paysage, la quantité d’air qu’il y a entre nous et l’objet observé augmente (théoriquement incolore, l’air est en fait légèrement bleuté). Plus il est éloigné et plus l’objet nous paraitra bleuté.
De la même façon les contrastes diminuent à mesure qu’on s’éloigne de l’observateur, subissant l’effet de ce filtre bleuté qui finalement uniformise les couleurs.
Léonard de Vinci a écrit : « Il y a trois sortes de perspectives :
la première traite des règles de diminution des choses qui s’éloignent de l’œil, et on l’appelle perspective diminutive ;
la seconde comprend la manière d’atténuer les couleurs à mesure qu’elles s’éloignent de l’œil ;
la troisième s’emploie à expliquer comment les choses doivent être moins nettes proportionnellement à leurs distances.
Et nous les appellerons : perspective linéaire, perspective des couleurs, perspective d’effacement. »
 Comparaison entre les couleurs réelles et les couleurs perçues avec l’éloignement
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Et pour nos bateaux ?
De ces trois perspectives, la première n’est pas contrôlable. Dans la réalité grandeur, les aspect évoluent puisque rien n’est figé.
Sur un tableau, une peinture, on peut définir un éloignement et appliquer les différentes règle correspondantes de façon à représenter exactement un point de vue et d’éloignement.
Sur nos modèles réduits, il va falloir faire des compromis. Partant du principe que le bateau sera vu généralement sur l’eau et que c’est là que nous voulons donner l’impression de réel, on va définir tout d’abord une distance d’observation. Disons entre 2 et 4 mètres, la distance moyenne quand on fait revenir le bateau vers le bord de façon à bien le voir.
Selon l’échelle du bateau, nous pouvons donc définir la distance réelle correspondante. Pour un bateau au 1/25e, cela donne entre 50 et 100m. A cette distance, les fins détails ne sont pas visibles. Alors faut-il les représenter ?
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 au 1/10e, les détails doivent absolument être représentés
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Quand le bateau sera sur une table d’exposition, avec un visiteur penché dessus, celui-ci aura une impression visuelle bien plus proche, et sera donc agréablement surpris d’y découvrir de fins détails. C’est donc un choix. Les détails peuvent être simplement suggérés avec un pareil bonheur. On est alors dans un aspect plus
impressionniste que dans une réalité Cartésienne. Rappelons quand même que la suggestion des détails ne veut pas dire le bâclage, que cela n’excuse pas un défaut majeur, mais que cela permet de présenter quelque-chose de correct si pas intrinsèquement exact. Dans la pratique il faudra donc privilégier les couleurs satinées ou mates, en choisissant des teintes légèrement ternies, par exemple par adjonction d’une pointe de bleu et de blanc. Se rappeler qu’en colorimétrie on constate que les ombres sont constituées d’un apport de la
couleur complémentaire