Le modélisme naval tel que je le conçois consiste à représenter les bateaux tels qu’on peut les voir tous les jours, avec patine, usure et rouille, surtout pour les bateaux de travail. Un bateau sortant du chantier naval est d’ailleurs déjà un peu rouillé par place, car la construction s’est étalée sur plusieurs semaines ou mois ! Parmi toutes les traces de vieillissement apparentes, les traces de rouilles occupent sur un bateau une place importante, car dans un environnement salé, tout rouille assez rapidement !
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La rouille apparaît sur le métal ferreux, donc pas sur le cuivre ni le laiton (sur lesquels apparaît le vert de gris, que nous traiterons dans un prochain article ni sur l’aluminium sur lequel apparaît une oxydation poudreuse blanche ou une croûte noirâtre). Même une ferraille peinte peut se boursoufler sous l’effet de la rouille sous-jacente. Même une partie en bois ou en plastique peut prendre un aspect rouillé parce que des particules de rouille se sont déposées en surface.
La technique que je vais décrire consiste à coller de la vrai rouille sur les objets à rouiller. Si l’on observe une barre de fer rouillée, on se rend compte que la modification ne porte pas seulement sur la couleur, mais sur l’état de surface, rongé et boursouflé.
 Un barre de fer réellement rouillée On remarque que la rouille ne fait pas que colorer, il y a à la fois un piquage du métal et un relief formé des oxydes de rouille
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Nous allons donc avoir besoin de vrai rouille, et d’une substance collante.
De la poudre de rouille
On peut essayer de gratter des tôles rouillées et de récupérer la poudre, mais on s’apercevra rapidement que ce n’est pas évident, et que les quantités recueillies sont faibles et de qualité inégale.
Voici donc un moyen simple et rapide pour obtenir assez de fine poudre de rouille que pour en remplir un bocal de 250 cc.
Il faut se procurer des tampons JEX, pour la vaisselle. Attention, la marque propose des tampons avec savon, ce n’est pas ceux là qu’il nous faut !

Attention, dans les grandes surfaces de bricolage on vend de la paille de fer à l’usage des antiquaires , bien moins fine que le JEX original. Méfiance : on en trouve même en fil d’inox qui ne rouille pas !
Fabrication de la rouille
Rien de plus simple :
On dilue une cuiller à soupe de sel de cuisine et une de vinaigre dans une tasse d’eau chaude, et on trempe les tampons dedans. On les sort de l’eau, on les égoutte et on les mets à sécher.
Après quelques jours, de légères traces de rouille apparaissent sur les tampons. A ce stade, il suffit de les presser entre les doigts pour s’apercevoir qu’en réalité ils sont complètement rouillés, et ils tombent littéralement en poussière.
Celle-ci est récupérée précieusement dans un bocal.
 Tampon JEX réduit en poudre par la rouille Après une semaine, si on écrase le tampon entre ses doigts, une poussière de rouille abondante se répand. Même si il y reste des particule plus grosses et non rouillée, on enferme cette poudre dans un pot de verre muni d’un couvercle
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Nous avons fabriqué la rouille, il nous faut de la colle. Pour celle-ci, nous utilisons simplement du vernis incolore. Après avoir peint l’objet dans la couleur de base (noire pour l’ancre qui nous sert d’exemple) et l’avoir bien laissé sécher, on peint l’objet au vernis, puis, alors qu’il est encore tout collant, on le plonge dans le bocal contenant la poussière de rouille, on referme le bocal et on secoue. Apres 24 h de séchage, on re-secoue puis on ouvre le bocal et on y récupère l’ancre, à laquelle la poudre s’est agglutinée en croûte. Un brossage avec une brosse dure en nylon (vieille brosse à dents) et l’aspect rouille apparaît. Dans le cas d’une ancre complètement rouillée, il faut différencier certaines zones, c’est à dire qu’il faut patiner la rouille ! Cela se fait simplement en passant l’ancre entre les doigts, et en insistant par place. La graisse de la peau des doigts va "polir" légèrement les zones frottées, en les patinant.
La finesse de la poudre obtenue avec du JEX permet même de rouiller une chaîne en laiton, en la peignant d’abord en noir mat (j’utilise de la couleur Humbrol) avant de la vernir et de la plonger dans le bocal. Pour les chaînes fines, il faut tout d’abord tamiser la poudre de rouille au moyen d’une petite passette de cuisine pour ne garder que la fine poussière volatile. Attention aux courants d’air, c’est fin "comme de la fumée".
 Une petite ancre en bois Peinte en noir, puis vernie et directement plongée dans le bocal de rouille. On referme, on agite, on s’assure en regardant à travers le verre du pot que l’objet est bien enseveli, on laisse sécher, on sort, on secoue, on brosse...
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 l’arrière d’un chalutier Les côtés de la coque ont été peints, puis vernis et poudrés directement avec de la poudre de rouille sur le vernis collant
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 Différents exemples.  Coulures sous l’écubier d’amarrage et sous le plat-bord. Ces coulures sont peintes au vernis puis poudrées de rouille. Bien observer où la rouille se développe !  Les ferrailles du panneau de chalut sont vernies, pas le bois, et le panneau est enfermé dans le bocal de rouille pour y sécher. La poussière de rouille se déposera de façon naturelle sur le bois et dans les rainures entre les planches.  L’ancre à jas mobile rouillée comme décrit, a été repeinte en rouge par dessus la rouille.
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Facile à réaliser, pas facile à réussir...
Tout est dans l’observation détaillée de la réalité. On a tout sous les yeux, il suffit de copier le plus exactement possible