Un bateau, quel qu’il soit, comporte systématiquement deux ensembles : la coque et la passerelle. Mais puisque seule la coque est visible au premier coup d’œil et que le poids en hauteur est un ennemi pour la stabilité de nos modèles, il arrive que l’on fasse l’impasse sur l’intérieur de la passerelle, et que seul l’extérieur (la superstructure) est détaillé.
On se donne en plus bonne conscience en se disant que de toutes façons, en navigation, on ne voit plus du tout l’intérieur ...
Pourtant, en expo, il en est tout autrement : si les visiteurs regardent naturellement l’extérieur des bateaux, ils cherchent souvent à "voir à travers les vitres" si les intérieurs sont représentés.
Et si l’on peut "ouvrir" le modèle pour leur montrer la passerelle, ils s’extasient sur les détails qu’ils peuvent y découvrir ! Alors pourquoi ne pas prendre plaisir à fabriquer tous ces détails ?... pour soi d’abord, ... et pour attirer le regard des autres, adultes et surtout enfants, avec le secret espoir de donner envie à certains d’entre eux de reprendre le flambeau et de faire la même chose !
C’est pour cette raison qu’en expo je privilégie un stand "ouvert" non protégé par une barrière qui empêche les spectateurs d’approcher à moins d’un mètre !
Un stand qui permette aux badauds de détailler à loisir "en se collant le nez à la maquette" !
Bien sûr, il y a toujours dans ce cas le risque d’un peu de casse mais jamais rien d’irréparable ! Et après tout ce ne sont finalement que des petits bateaux en bois, plastique ou carton, ce ne sont pas des yachts à 30 millions d’euros !
En tous cas, personnellement, je ne me prends jamais la tête pour une pièce cassée par un enfant (ou même un adulte !) : je suis bien plus récompensé par son regard pétillant quand il peut "regarder de vraiment tout près"...
Comment s’y prendre ?
Il existe sur internet des milliers de photos d’intérieurs de passerelles de tous les types de bateaux imaginables. Mais on se demande parfois comment représenter un appareil, un instrument ou un accessoire. Beaucoup d’articles présentent une façon de construire de tels détails, sur Navimodélisme ou ailleurs, il suffit de chercher un petit peu... Je vous propose quelques photos des passerelles ou des intérieurs de mes propres modèles, avec quelques indications sur la réalisation des détails.

Cette passerelle de Springer est particulièrement simple. La barre à roue est réalisée à partir de cure-dents, d’un rondin et d’un anneau de bois. Les écrans sont de simples carrés de bois sur lesquelles une photo venant d’un site de constructeur a été collée. L’horloge est construite selon le même principe, de même que le GPS ou le radar. Les cadrans de bord proviennent du catalogue Cap-Maquettes.
Une astuce pour le collage des vitres :
n’utilisez jamais de la cyano, les vitres deviendraient inévitablement blanchâtres car les vapeurs de cyano vont à coup sûr ternir le plastique transparent. Utilisez exclusivement de la colle à bois (blanche), ou nettement mieux : de la "Kristal Klear" qui est une colle vraiment exceptionnelle pouvant coller en outre tous les petits accessoires, même sur la peinture ou le vernis.

Pour une "vedette open", on n’a pas le choix : l’intérieur doit être représenté !
Pour ce Riva Junior, les cadrans, volant et manettes proviennent du commerce, mais ils ont été améliorés par un rétro-éclairage avec quelques LED "smc". Le tableau de bord est sculpté en balsa, de même que les bourrelets latéraux, le siège et le couvre-capote, entièrement en balsa. Un petit fil de soudure souligne le tableau de bord et donne une touche de finition. La radio est un simple morceau de papier Canson noir et ses boutons sont débités dans un rond de styrène.

Sur cet autre springer, la roue provient du commerce. On reconnait les mêmes cadrans de bord que le springer ci-avant et le coupe-circuit rouge est un assemblage de morceaux de plastique de différentes couleurs. Les manettes des moteurs sont des épingles à boule et un petit morceau de balsa, la boussole est en carton peint en alu pour le "socle" et en blister de médicament pour le "hublot", avec une photo de rose des vents mise l’échelle. Les compteurs sont des tranches d’un tube d’aluminium à l’intérieur desquelles j’ai collé une photo.

Ici on est au 1/15e, on peut mieux détailler...
On reconnait toujours les mêmes cadrans de bord, agrémentés ici de deux rangées d’interrupteurs (du fil de fer très fin), de quelques témoins lumineux (LED de 1,8mm) et d’une liseuse (avec deux mini-LED "smc"). L’écran de droite est encore une fois fabriqué avec un carré de bois et une photo, mais celui de gauche est en carton et contient une LED. Son écran est une simple feuille de papier blanc ordinaire imprimée à la jet d’encre, ce qui produit un effet réaliste quand la LED s’allume (ce ne serait pas le cas si la photo était imprimée sur du plastique transparent).
Les petits instruments de bord sont aussi en bois avec une photo, et deux petites rondelles de styrène simulent les molettes de réglage d’inclinaison. Le câblage à cette échelle doit être représenté, jusqu’aux prises électriques... en styrène (les câbles sont de vrais fils électriques). Une carte pliée (photo d’internet) et quelques feuillets (un vrai texte quelconque imprimé en réduction sur 2 cm) achèvent la décoration. Petit plus : une bouteille d’Instanet sculptée en pâte Fimo est disposée dans le "vide-poches" contre la vitre, à droite...

Encore une autre vedette : un WS45. Les écrans proviennent d’un site de fabricant, collés sur des morceaux de styrène entourés d’une fine bande d’aluminium autocollant ; l’ordinateur est toujours ce carré de bois sur lequel une photo est collée. Les interrupteurs sont de simples morceaux de papier noir, les manettes sont des épingles à boule piquées sur un petit morceau de balsa taillé et peint puis garni d’une petite bande d’aluminium de cuisine.
Détaillage excessif ?
Au 1/15e, si l’espace dans la passerelle le permet (selon la taille du bateau), le détaillage peut être poussé à l’extrême avec une multitude de détails qui fourmillent à chaque cm², au risque d’en faire même un peu trop... un peu comme dans un vrai bateau ! Les photos ci-dessous illustrent cette confession...

Voici l’intérieur (en construction) de la passerelle d’un Towboat de 15 m. C’est un pousseur de barges américain, ce qui explique la présence des deux "steering levers", les grands joystick qui commandent les gouvernails, plutôt que la barre à roue traditionnelle. Ce type de pousseur reste une à deux semaines sur les rivières avant de rentrer à son port d’attache, et comporte souvent un espace de vie (cuisine, espace détente, couchettes, ...).
Sur la maquette, ce tableau de bord fait 18 cm de large et 7 cm de haut (il est composé de plus de cinquante pièces de ctp de 1 mm !) ce qui offre de la place pour y installer plusieurs dizaines d’accessoires, la plupart étant systématiquement composés d’un morceau de bois ou de carton et d’une photo provenant d’internet mise à l’échelle.
Explorons cette débauche d’accessoires, parfois anachroniques, je l’avoue !

Sur l’extrême gauche et droite, les grands casiers permettent de stocker des fardes à anneaux, pour divers documents. Les fardes sont en papier coloré, les feuillets sont représentés par un petit morceau de carton plume de 3 mm. Collage à la KK (Kristal Klear), comme la totalité des accessoires, appareils ou instruments de bord décrits ci-dessous !

Dans ces casiers, de bas en haut, une réserve de papier (carton plume), des cartes (photos trouvées sur internet, imprimées en réduction et pliées), des paquets et lettres à déposer dans diverses destinations en cours de route (morceau de bois entouré de papier gris et d’une ficelle), et l’ordinateur du "Boatracs" (un simple morceau de bois), avec tous ses fils (vers l’écran, le clavier, la souris, et la prise de courant sous la tableau de bord). Les portes (non fonctionnelles) de l’armoire à droite sont en bois de 0,4mm et les poignées sont des rondelles de styrène.