La théorie est une belle chose, la pratique en est une autre tout aussi intéressante. Alors entre deux articles nous décrivant les emménagements de ce méga yacht, voici le premier consacré à sa fabrication.
- L’ossature de base : les couples
Pourquoi changer une méthode qui à largement fait ses preuves ? La fabrication de la coque se fera donc quille en l’air. Le plan est prévu pour cela, j’entends par là que l’ensemble des couples est dessiné avec leurs jambettes d’allonge. Ce sont des pattes "accrochées" aux couples, d’une longueur bien précise calculée pour qu’une fois posés sur le chantier, chaque couple prenne sa place au bon niveau par rapport à l’horizontale (de la ligne de flottaison). Vous comprendrez facilement que, par exemple, le premier couple de proue se situe plus en hauteur que le couple de maitre bau.
J’ai commencé par scier un plan de travail suffisamment grand et large pour y fixer les tasseaux devant maintenir les couples, puis, après avoir tracé l’axe de symétrie longitudinal, j’ai repéré la position de chaque couple et j’y ai aligné et fixé les tasseaux.
Après avoir détouré toutes les couples, treize au total, je les ai vissé sur leurs tasseaux respectifs, en m’aidant du tracé des axes pour les fixer un à un bien au milieu de la planche servant de plan de travail.
 Pose à blanc des couples
|
Une fois que j’aurai terminé de plaquer toutes les baguettes de bordage de la coque, il me suffira de dévisser simplement les éléments pour pouvoir retourner le bateau et pour ensuite pouvoir scier les jambettes.
- L’ossature de base : la quille
La quille d’une longueur respectable est fabriquée en deux morceaux et en trois épaisseurs : la tranche du mileu est en ctp 10 mm et les extérieurs en ctp 5 mm. Cela m’a permis de découper chaque tranche en plusieurs longueurs, le ctp 10 mm en deux et le ctp 5 mm en trois et de décaller les plans de joints les uns par rapport aux autres.
Tout a été collé ensuite à la colle époxy, les éléments bien serrés les uns contre les autres et maintenus par de nombreuses vis.
 La quille est collée
|
Lorsqu’elle a été bien sèche, j’ai inséré la quille dans les encoches des couples en vérifiant qu’elle reste bien rectiligne une fois enfoncée dans ses logements. Elle a alors été collée en place en la maintenant solidaire des couples par une profusion de pinces et de serre-joints.
Pour m’assurer que lors de cette opération chaque couple conserve bien sa perpendicularité par rapport au plan de travail, j’ai préparé une quantité de petites équerres en bois que j’ai disposé entre les deux plans avec des pinces.
J’avais remarqué que l’étrave était très fine, surtout au niveau de la ligne de flottaison. Pour réussir le placage de la coque à cet endroit, j’ai longuement poncé en pointe les deux cotés de la proue.
- Renforcement de l’ossature
Seconde étape avant l’habillage de la coque : la pose de baguettes carrées de 5x5 pour rigidifier l’ossature. En effet, il faut empêcher chaque couple de pouvoir se vriller durant les prochains travaux sur la coque.
Ce n’est pas moins de sept baguettes de chaque coté du bateau que j’ai collé.
La première baguette prend place le long de la quille : elle servira d’appui lors de la pose de la première planchette d’habillage de la coque.
La seconde baguette marque plus ou moins l’arrondi de la coque.
Les baguettes 3 et 4 sont un peu particulières : elles servent à placer le décrochement que la coque comportera à ce niveau. Ce décrochement est nécessaire pour casser l’onde de la vague formée par l’étrave et de ce fait améliorer le rendement hydrodynamique. Je vous avoue que cette idée ne vient pas de moi, mais d’un ami plus spécialisé.
Les deux baguettes suivantes supporteront la muraille de la coque
La dernière baguette délimite le livet du pont principal.
 Collage de la première baguette de renfort
|
Ne trouvant dans le commerce que des baguettes de longueur d’un mètre, j’ai du raccorder celles-ci entre-elles pour couvrir la longueur de la coque. Le principe pour garantir une bonne solidité du joint est simple et logique : j’ai coupé en biais l’extrémité des baguettes afin d’augmenter la surface d’encollage.
- Squelette terminé
Je n’ai pu m’empêcher de manipuler ce gros squelette et de le déposer verticalement le long d’un mur de mon atelier. L’impression de grande taille saute encore plus aux yeux ! Cette coque est plus grande que moi !
 Belle bête !
|
Je pense alors aux futurs déplacements et à la mise à l’eau de l’engin. Cela va être du sport ! Il est certain qu’il faudra prévoir du lest amovible, à mettre en place seulement lorsque le bateau sera dans l’eau ! Je l’imagine déjà sur le plan d’eau avec ses supers structures... Il va être majestueux ! ... mais il reste encore de long mois avant d’en arriver là !