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mardi 19 mars 2024

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Les matériaux composites

En vrac, ... Trucs et astuces

Philippe Hémery

En cours de rédaction des articles précedents, il m’est arrivé de me poser la question de savoir si telle ou telle remarque, astuce, avait sa place dans l’article.

Afin de ne pas être brouillon dans ces articles et de passer du coq à l’âne, j’ai préféré réserver un article complet à ces trucs et astuces, mais aussi pour mettre un terme aux recettes miracles que l’on peut entendre ici ou là.

Ainsi que le précise le titre, c’est « en vrac » que je vous livre ces trucs, astuces et mises au point comme ils me viennent à l’esprit.

Les charges

Pour ce qui est des charges mélangées à la résine, limitez-vous strictement à celles prévues à cet effet. Mélanger de la sciure de bois à de la résine est stupide ! Le ponçage devient un calvaire, l’accrochage laisse à désirer et utilisé en colle c’est le plus mauvais contact que l’on puisse créer.

Les joints congés

J’en ai souvent parlé. En maîtriser la fabrication et la mise en oeuvre est important. Le joint congé à de nombreuses utilités : collage d’une cloison à la coque, collage d’un renfort en bois, remplissage d’une virure (vedette), renforcement d’une étrave, consolidation d’un tableau arrière, ... Il se fabrique avec de l’époxy et du microballons à raison d’environ 30 à 35gr pour 100gr de résine (mélangée, bien sûr !). A ce rapport, il est de bonne consistance et facile à travailler. Pour être utilisé sur une paroi verticale et ne pas risquer qu’il « coule », on peut charger un peu plus sans dépasser les 50gr.

Pour la mise en oeuvre (prenons le cas d’une cloison intérieure), déposer cette « colle » sur la surface où va venir se fixer la cloison, amener celle-ci à sa place. la « colle » va s’étaler des 2 cotés. A l’aide d’une spatule dont vous aurez arrondi l’un des angles à 90° pour former un quart de cercle d’environ 2cm de rayon, vous allez lissez des 2 cotés (en appui sur la coque et la cloison) jusqu’à obtenir un joint congé parfaitement régulier. Une fois sec, après un léger ponçage vous pourrez (si besoin est) le recouvrir d’un mat ou 2 en débordement d’environ 2cm à chaque fois.

Stratification sur bois gras ou résineux

Dans le cas de stratification sur un bois gras ou résineux (acajou et pin par exemple), l’accrochage de la résine DANS le bois (pas seulement « sur » le bois) est très mauvais. Un truc consiste à passer, avant la résine, un produit qui va pénétrer le bois et favoriser cet accrochage. Pour le polyester, le produit est à faire soi-même avec de l’acétone et de l’octoate de cobalt (accélérateur du polyester de couleur mauve) mélangés à raison de 100 parts d’acétone pour 20 parts d’octoate de cobalt. Vous allez obtenir un mélange rosé très volatile que vous passerez au pinceau sur toute la surface à stratifier, le séchage étant presque instantané, le temps de préparer votre résine et vous pouvez commencer. Pour l’époxy, le produit est pratiquement tout fait car il s’agit de passer une couche de peinture polyuréthanne diluée à 50%. Ici, il vous faudra attendre le séchage de la peinture et un léger poncage avant de débuter la stratification.

Coque à fausse quille

Toujours dans la stratification sur bois, un autre cas que celui évoqué dans l’article peut se présenter : une coque à fausse quille. Dans ce cas, il est nécessaire de stratifier par demi coque (sens de la longueur). Les bandes seront donc posées latéralement avec, pour la découpe comme repère de départ le bordé de la fausse quille ou retour de galbord. N’hésitez pas à faire plusieurs bandes (voir photo).

Imprégnation du premier tissus

Le tapotage à sec, surtout valable pour la première couche, est important pour éviter l’apparition de bulles et pour limiter le poids en résine. La couche de résine passée sur la coque doit suffire à imprégner le premier tissus. Mais, si au bout de 5 à 6mn le tissus est toujours blanc, un léger apport de résine règlera le problème (voir photo).

Nettoyage des outils

Après utilisation, vous éliminerez la résine restante dans le pinceau en le raclant sur le bord du récipient, puis avec un essui-tout absorbant, vous en finirez le nettoyage. Dans un récipient avec couvercle hermétique, vous verserez de l’alcool à brûler et finirez de nettoyer votre pinceau et vous refermerez le récipient (le pinceau dedans). A titre personnel, j’ai le même pinceau depuis 2 à 3 ans, je ne fais que rajouter un peu d’alcool à brûler de temps en temps. Pour ce qui est du récipient et après plusieurs utilisations, on y trouve toujours des restants de résine, microballons, ... Après une stratification, vous utiliserez le restant de résine avec des chutes de tissus que vous imprégnerez et laisserez sécher pour former un ensemble compact qui sera facile à dépoter (voir photo).

Le rétrain

J’en ai souvent parlé car c’est un effet indésirable présent dans pratiquement tous les matériaux maléables qui durcissent. Comme son nom l’indique, c’est un effet de diminution de masse dû au séchage et à l’évaporation de solvant. Vous comblez un trou à ras, et à sec, vous constatez qu’il en manque. Il est maximum (près de 25%) dans les enduits cellulosiques, d’environ 7% dans le polyester et inférieur à 1% (donc négligeable) dans l’époxy. C’est la raison pour laquelle j’insiste sur les enduits et mastics époxy à confectionner avec les charges que vous trouverez chez .

Le ponçage

Il doit devenir automatique chez vous dès que vous voulez revêtir une surface, coller 2 pièces ... C’est la seule façon d’être sûr de la qualité du travail que vous faites en matière d’accrochage. Ce ponçage doit être variable et adapté selon l’état des surfaces. Dans la majorité des cas, il s’agit simplement de dépolir la surface. Toute surface brillante (mis à part celle de finition) est à poncer si l’on veut y travailler.

Le ponçage d’une surface stratifiée entraine toujours une poussière blanche très fine qui à le très désagréable effet de « gratter » longtemps, le soir sous les draps çà gratte et si vous avez le malheur d’entreprendre votre bien-aimée, après les réjouissances, vous allez avoir le droit à une bonne engueulade parce que vous lui aurez passé la « gratte ». Il existe une astuce pour éliminer complètement ce problème : avant tout travail de ponçage, vous allez abondamment saupoudrer et faire pénétrer sur les parties de peau visibles (non recouvertes) du talc officinal (vendu en pharmacie) qui va avoir pour effet de boucher tous les pores de la peau, réceptacles habituels des poussières de verre (celles qui grattent). En fin de travail, une bonne douche sans frotter éliminera talc et poussières.

Les masques anti-poussières

Je suis depuis longtemps scandalisé par la qualité de certains masques anti-poussières vendus en grande surface par paquets de 50. Des études sérieuses ont montré que ces masques ne retenaient qu’environ 15 à 20% des poussières dégagées par ponçage à condition que celles-ci mesurent plus du micron, faute de quoi tout passait ! Nos poussières de ponçage (fibre de verre, peinture, ...) font le centième du micron !

J’ai comme référence un constructeur amateur (de Vendée) qui nous avait loué à Fort de France un coin au fond de notre immense parking pour y construire un monocoque de 16m (dériveur lesté) selon le procédé West System (bois-époxy). Bien construit, c’est indestructible, sans entretien et peu onéreux. Il a mis 4 ans, 10h par jour, 7 jours sur 7, pour sortir un vrai bijou de finition, solidité ... Mais à quel prix ! Il était couvert, de la tête aux pieds d’eczéma, de dépigmentation de la peau, de plaque de peau mortes ,... Il lui prenait des quintes de toux sèches à faire peur. Il a été soigné pendant 1 an avant de retrouver figure humaine, mais ses bronches et poumons sont définitivement malades. Pourquoi ? Pour ne pas avoir pris réellement au sérieux mes mises en garde quant au masque. Il lui arrivait de poncer une journée entière à l’intérieur sans ventilation avec un simple masque à 2F. Ce cas est peut-être extrême, j’en conviens, mais il met l’accent sur un élément fondamental de la protection individuelle : le masque. Pour un peu plus cher qu’une boîte de 50, vous trouvez des masques anti-poussières (homologués) avec ou sans système de cartouche qui offrent une protection presque totale. N’hésitez pas !

Coupe d’un joint congé

Coque à fausse quille

Dans ce cas il est nécessaire de préparer les bandes de tissus. Sur cette demi-coque, 7 bandes seront posées.

Le tapotage

Le bois a été légèrement imprégné, le tissus (100gr) posé, le tapotage commence avec un pinceau-brosse presque sec. On distingue déjà des zones imprégnées.

Le dépotage

Cette photo montre un récipient ayant servi plusieurs fois et dont les résidus ont été décollés avec un restant de résine et de tissus.

Voilà, je pense, avec cette série d’articles, avoir fait un tour suffisament complet de vulgarisation sur le thème des « Matériaux Composites » pour que chacun trouve la réponse à ses questions afin d’utiliser au mieux ces matériaux.

En tout état de cause, je reste disponible sur Navirc pour répondre à des sujets qui n’auraient pas été abordés ou apporter des précisions sur les autres.